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Publication – Tribune : Halte aux “fake news” génétiques

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Des chercheurs, parmi lesquels Henri Atlan, Jacques Testart et Catherine Vidal, s’élèvent dans une tribune au journal Le Monde contre l’instrumentalisation pseudo-scientifique de données génétiques conduisant à déduire des différences psychologiques entre les êtres humains.

“En qualité de chercheurs en ­génétique, en neurobiologie, en études sociales ou philosophiques de ces disciplines, nous ­tenons à manifester notre inquiétude face au retour d’un discours pseudo-scientifique sujet à toutes sortes d’instrumentalisations : il existerait un « socle » génétique, important et quantifié, à l’origine de différences psychologiques entre les êtres humains, en particulier selon la classe sociale, les origines ou le sexe.

Ainsi, on peut lire que l’intelligence est aux deux tiers génétique, et que l’école doit utiliser au mieux ce tiers sur lequel elle peut jouer en focalisant ses efforts sur les « gamins pauvres ». Il est de même affirmé que la réussite scolaire est influencée par des facteurs génétiques à hauteur de 30 % à 50 %, à parts égales avec les facteurs familiaux et sociaux, et que les personnes les plus défavorisées socialement sont aussi les plus désavantagées génétiquement.

Outre qu’il existerait une mesure valide de l’intelligence, et qu’on aurait montré que les enfants de milieux socialement défavorisés naissent en moyenne avec un « désavantage génétique », on laisse croire que l’influence du bagage génétique serait invariable. Les caractéristiques des personnes seraient déterminées par l’addition d’une « part génétique » et d’une « part environnementale ».

Ces invocations de pourcentages ­génétiques sont un usage dévoyé de la notion scientifique d’héritabilité. L’héritabilité d’un trait (exemple : la performance à un test de QI) est le résultat d’un calcul statistique, fait sur une ­population donnée, visant à répondre à la question suivante : quelle est la part de la variabilité du trait dont la variabilité génétique peut rendre compte ? Outre que la méthodologie de l’étude et le choix du modèle statistique peuvent avoir un impact considérable sur le résultat du calcul, il est important de comprendre deux aspects essentiels de cette notion d’héritabilité…”

[Tribune soutenue par Anne Cambon-Thomsen, Fondatrice de la Plateforme Ethique et Biosciences (Genotoul Societal)]


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