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Atelier 2014

Nouvelles biotechnologies et science-société-nature

Les nouvelles biotechnologies nous amènent à re-questionner les fondements et les modalités des relations entre science, société et nature. En prenant pour exemple la biologie de synthèse qui avait déjà été l’objet central de l’atelier de réflexion en 2011, nous en envisagerons cette fois d’abord les enjeux écologiques et sanitaires ; en quoi ces deux facettes s’ignorent-elles, se complètent-elles ? Parle-t-on de la même biologie de
synthèse ? Est-ce vraiment un nouveau domaine de la biologie ou juste une nouvelle marche dans l’arsenal des biotechnologies ? Quels sont les acteurs et les communautés concernés ? Que mettent-ils derrière cette expression ? En quels termes se posent les débats ? Ce premier tableau brossé, la question fondamentale des frontières du naturel et de l’artificiel sera abordée.

En effet le terme de synthèse est souvent associé à l’artificiel ; mais l’expression « jouer à Dieu » (playing God) souvent vue pour qualifier de façon à frapper les esprits les exploits technologiques dans le champ de la biologie de synthèse évoque plus le « surnaturel » que l’artificiel ; de même le terme de synthèse dans d’autres champs de la connaissance souligne davantage une vision globale qu’une plongée dans les briques individuelles d’une construction, comme le fait la biologie de synthèse, à la recherche, par exemple du « génome minimum ». Donc au langage flou correspondent aussi des limites floues entre nature, création, ingénierie ; la compréhension du vivant par rapport à l’inerte fait-elle un bond avec la biologie de synthèse ? La clarification et la confrontation des points de vues d’acteurs académiques – sciences de la nature ou sciences humaines et sociales – , d’industriels, de journalistes, d’étudiants et d’enseignants, aussi bien que d’associations permettra de conclure cet atelier avec une analyse des enjeux des débats autour de la biologie de synthèse. L’ambition de cet atelier est d’éclairer sereinement le débat pour préserver sa profondeur et permettre d’en saisir la complexité.


  • Volet 1 – Enjeux écologiques et sanitaires de la biologie de synthèse
  • Volet 2 – Les frontières du naturel et de l’artificiel en questions
  • Volet 3 – Enjeux des débats autour de la biologie de synthèse


Programme

Enjeux écologiques et sanitaires de la biologie de synthèse – 28 février, CUFR JF Champollion, Albi


Animateurs
  • Frédérique Blot, Maître de conférences, CUFR JF Champollion, Laboratoire Geode UMR 5602 CNRS
  • Pascal Ducournau, Sociologue, Enseignant – Chercheur, Université de Toulouse – CUFR JF Champollion, Inserm
  • Avec la participation des étudiants du Master 2 GSE-VRT du CUFR JF Champollion
Intervenants
  • Miguel Benassayag, Philosophe, Psychanalyste, Chercheur en épistémologie, Directeur du laboratoire de biologie théorique Campo Biologico à Buenos Aires et Co-auteur de l’ouvrage  “Fabriquer le vivant » publié en 2012
  • Dorothée Benoit-Browaeys, Journaliste scientifique, Rédactrice en chef adjointe d’UP Magazine et Responsable du département bioéconomie du Cabinet Agrostratégies et Prospectives
  • Louis Laurent, Directeur recherche et de veille à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail

Parmi les nouvelles technologies, la biologie de synthèse semble prometteuse en termes d’applications. Néanmoins, elle soulève de nombreuses questions éthiques, sociales et environnementales. Les biologies de synthèse connaissent un fort développement au niveau international. En France les Investissements d’Avenir ont financé Toulouse White Biotechnologie. Aux États-Unis la firme indépendante Lux Research, estime qu’en 2015 un cinquième du chiffre d’affaire de l’industrie chimique américaine pourrait dépendre de la biologie de synthèse. L’importance des enjeux nécessite de mieux les connaître. De nombreuses applications existent déjà et d’autres recherches annoncent des résultats prometteurs. Quelques exemples d’applications réussies en médecine comme l’insuline ou l’artémisinine (antipaludéen) illustrent ces propos. Au delà de la médecine, la biologie de synthèse s’insère dans tous les domaines d’activités. Existe-t-il par ailleurs des risques pour notre santé et pour l’environnement ? Avons-nous assez de recul ? C’est pour cela que nous organisons une journée dédiée à la fois à la diffusion d’information sur cette technologie et à sa mise en débat.


Les frontières du naturel et de l’artificiel en questions – 24 Avril, Faculté de Médecine, Toulouse


Animateur
  • Vincent Grégoire-Delory
Intervenants
  • Denis Faïck, Maître de conférences, Faculté de philosophie, Institut Catholique de Toulouse
  • Olivier Galy, Responsable de projets, Toulouse White Biotechnology
  • Vincent Grégoire-Delory, Maître de conférences, Directeur de l’École Supérieure d’Éthique des Sciences et de la Santé à l’Institut Catholique de Toulouse, Responsable de la Plateforme Éthique du consortium Toulouse White Biotechnology

Le regard porté par nos sociétés contemporaines sur la nature subit de profondes mutations qu’il paraît ici pertinent de questionner. Si la prise de conscience de la vulnérabilité des équilibres naturels semble désormais largement acquise, le rapport au vivant, à l’heure des bio-nanotechnologies, est quant à lui empreint d’une certaine ambiguïté. En effet, la perception traditionnelle d’un vivant “naturel” et hérité laisse peu à peu la place à une approche d’un vivant “construit” selon les besoins humains. Ce très important changement de paradigme semble brouiller les pistes en repensant à frais nouveaux les notions mêmes de nature et d’artifice.


Enjeux des débats autour de la biologie de synthèse – 22 Mai, Hôtel de Région, Toulouse


Animatrice
  • Anne Cambon-Thomsen, Médecin généticienne, Directrice de recherche au CNRS, UMR 1027 Inserm et Université Paul Sabatier – Toulouse III, Responsable de la Plateforme Genotoul Societal
Intervenants
  • Alexei Grinbaum, Philosophe des sciences et Chercheur au Laboratoire des Recherches sur les Sciences de la Matière du CEA-Saclay, Gif-sur-Yvette
  • Jean-François Haït, Journaliste scientifique, Toulouse
  • Solène Margerit, Coordonnatrice adjointe de l’Observatoire de la biologie de synthèse, Conservatoire national des arts et métiers, Paris

 


Les nouvelles biotechnologies font débat. Quel est le rapport entre les enjeux d’une technologie et les enjeux des débats à leur sujet ? En prenant pour exemple les discussions sur la biologie de synthèse nous tentons d’en clarifier les termes et d’analyser la forme et le fond des points de vues qui se confrontent et se complètent, mettant en jeu des acteurs académiques, en sciences de la nature et sciences humaines et sociales, observateurs, associations, industriels, journalistes, étudiants et enseignants. Les interventions de l’atelier permettent d’une part d’avoir un retour d’expérience panoramique de l’Observatoire de la biologie de synthèse, créé en 2012 : son origine, son but, son rôle dans le débat, avec Solène Margerit qui en est la coordinatrice-adjointe. Puis une vision distancée et analytique de “ce qui se discute et ce qui ne se discute pas et pourquoi” est présentée par Alexei Grinbaum.

Enfin Jean-François Haït aborde la question du point de vue d’un journaliste scientifique : quand un sujet fait débat, à la fois parmi les scientifiques (ici est-ce vraiment une rupture technologique et conceptuelle ou une continuité) et dans la société, comment choisit-on d’en parler en tant que journaliste ? Comment alimenter le débat ? Quelles sont les contraintes du journaliste scientifique. Ce tour d’horizon alimente une discussion sur les enjeux des choix technologiques dans une société démocratique et une réflexion sur les façons de faire vivre le débat ouvert dans la complexité de ses arcanes non linéaires, du laboratoire aux débats et du débat aux décisions.