Publication – Article, Essai clinique et traitement : quelle éthique en cas d’urgence sanitaire ?
En ce temps de crise sanitaire, nous espérons tous trouver rapidement un traitement pour guérir le plus grand nombre… La controverse des essais cliniques menés par le professeur Didier Raoult témoigne de cette légitime impatience.
Bettina Couderc, Anne-Marie Duguet, Anne Cambon-Thomsen et Emmanuelle Rial-Sebbag, quatre chercheuses toulousaines du Laboratoire d’épidémiologie et analyses en santé publique (LEASP – Université Toulouse III – Paul Sabatier – Inserm) aident à décrypter la situation à laquelle le monde entier est confronté. Anne Cambon-Thomsen est aussi la fondatrice de la Plateforme Ethique et Biosciences (Genotoul Societal), Emmanuelle Rial-Sebbag en est la co-responsable, et Bettina Couderc en est membre.
Dans un article intitulé : « Essai clinique et traitement : quelle éthique en cas d’urgence sanitaire ?« , leur propos « n’est pas d’arbitrer sur la controverse des essais cliniques de Didier Raoult, ni sur les différentes voies de déploiement des traitements du Covid-19. » Elles interrogent « les questions éthiques soulevées par la mise en place d’essais cliniques avant le déploiement de traitements dans le cas d’urgence sanitaire.«
« Rappelons ce qu’est un essai clinique
Une étude clinique vise à démontrer une hypothèse scientifique chez l’Homme, en se basant sur les connaissances actuelles de la science, afin d’apporter un bénéfice à des patients. Cette recherche doit être conduite dans le respect de règles éthiques qui sont en France codifiées dans le Code de la santé publique. Les résultats de l’étude permettent alors de valider ou d’invalider l’hypothèse initiale et conduisent à des recommandations de prise en charge ou à la mise sur le marché de nouveaux médicaments.
En pratique, cela concerne entre autres : soit la première administration à l’Homme d’un nouveau médicament (phase 0 ou 1), soit l’administration d’un traitement à un groupe de patients versus l’administration du traitement de référence (ou pas de traitement) dans un deuxième groupe, appelé groupe placébo (phase 2). On évalue alors les effets du potentiel médicament en comparant les deux groupes. Il est également possible de tester une nouvelle indication pour un médicament connu (hydroxychloroquine) associé ou pas à un antibiotique (azithromycine). C’est ce qui a été fait dans l’équipe de Didier Raoult à la suite de travaux réalisés in vitro et à l’essai clinique publié par une équipe chinoise (voir la publication de Gao J., Tian Z. et Yang X.). » […]
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