Le statut de l’information génétique dans la société – 28 mai, Hôtel de Région, Toulouse
Animateur
- Joël Gellin, Généticien, Directeur de recherches à l’INRA, Auzeville
Intervenants
- Pascal Borry, Philosophe, Unité d’éthique biomédicale, Faculté de médecine – Université Catholique de Louvain
- Anne Cambon-Thomsen, Médecin généticienne, Directrice de recherche CNRS, UMR 558 Inserm, Responsable de la Plateforme Genotoul Societal et Membre du Groupe Européen d’éthique des sciences et des nouvelles technologies
- Isabelle De Lamberterie, Juriste, Directrice de recherche au Centre d’études sur la coopération juridique internationale, Poitiers-Paris
Après avoir envisagé lors du premier volet de l’atelier 2009, les modalités d’accès à l’information génétique et notamment l’accès libre aux tests génétiques dans le cadre des propositions de tests sur internet, ce volet se penche sur les différentes visions de l’information génétique rencontrées dans la société, qui découlent du statut que l’on accorde à cette information et du point de vue que l’on adopte à son sujet. Les dimensions multiples de cette information et ses diverses utilisations ou les propriétés qu’on lui reconnaît ou les rôles qu’on lui fait jouer en font une sorte de figure aux facettes variées. Le scientifique peut y voir une boîte à questions, une source de projets scientifiques porteurs : elle doit donc être accessible !
Le patient y voit une boîte à réponses : elle doit être interprétée et elle doit être protégée au titre du secret médical, mais aussi être exploitée pour des progrès médicaux. Mais à titre individuel avec qui peut-on, doit-on la partager ? Le médecin y voit un outil dans l’arsenal de la démarche diagnostique, par exemple. Mais l’information génétique n’est-elle qu’une donnée de santé ? Et est-elle une donnée de santé comme les autres? Les familles affectées de maladies génétiques y voient tantôt un fardeau, tantôt un élément de choix, toujours une source d’interrogations. Le juriste peut se demander où s’arrête le corps et où commence l’information quand il s’agit des éléments biologiques source d’ADN, support de l’information génétique. Ou s’interroger sur les spécificités de la protection intellectuelle dans ce domaine.
L’industriel y voit une source de développements et de profits ; elle doit être protégée au titre de la propriété intellectuelle pour pouvoir assurer ces développements nouveaux. Que peut-on breveter ? Où commence l’invention lorsqu’il s’agit d’information génétique ? Le journaliste peut y voir une « boîte à scoop » : que d’articles sur « les gènes de… ». L’artiste s’en inspire et la génétique récréative prend son essor. Le politique en parle aussi et parfois l’information génétique se glisse dans les arguments de campagne…. L’on se refuse à penser que d’aucuns, assureurs, employeurs pourraient y voir un moyen de discrimination puissant. Le législateur veille, on espère… mais qu’existe-t-il au niveau international ? Sur ce fond les questions qui surgissent peuvent être : que faut-il protéger, qu’il s’agisse de la confidentialité, de la propriété intellectuelle, de l’autonomie ou de la liberté?