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Atelier 2023

Responsabilité environnementale de la recherche : quels enjeux pour la société ?

 

 

 

La situation environnementale globale est étudiée par les scientifiques depuis de nombreuses années et nous place en situation d’urgence face à une série de défis essentiels (ex : épuisement des ressources, baisse de la biodiversité, changement climatique…). Dans ce contexte, de multiples enjeux se révèlent dans tous les domaines de la société (ex : agriculture, logement, transport, économie…). Différents acteurs se mobilisent pour accroitre cette prise de conscience et mettre en place des solutions concrètes.

La recherche scientifique doit également prendre conscience de sa responsabilité dans ces questionnements puisque « la prise en compte des impacts environnementaux de la recherche doit être considérée comme relevant de l’éthique de la recherche » (COMETS, 2022). Ceci pose la question de la gouvernance de la recherche et de la place des défis environnementaux dans ses politiques. Les activités scientifiques font partie de cette problématique du fait de leur impact environnemental (ex : production et stockage de données massives, déplacements professionnels…), ce qui nécessite que les laboratoires mènent une réflexion sur l’impact de leurs activités. La recherche peut également contribuer à la proposition de solutions basées sur la production de connaissances théoriques et appliquées. Ces dimensions constituent un réel enjeu de société mais nécessitent de s’interroger sur les actions menées, les points de blocages et la gouvernance. Ainsi il est important de renforcer l’articulation et les interactions entre les nombreuses initiatives politiques des institutions, les divers projets scientifiques et les initiatives expérimentales citoyennes qui prennent diverses formes, à différentes échelles.

De quelles connaissances objectives dispose-t-on actuellement ? Quelle est la responsabilité éthique et sociétale de la recherche vis-à-vis de la situation environnementale ? Quelle politique et quelle gouvernance seraient à privilégier ? Comment aborder les différentes temporalités à court, à moyen et à long terme ? A la fois citoyen, communiquant, et éventuellement militant, comment se positionne le chercheur ? Cet atelier propose de présenter et de débattre ces différents aspects au travers d’exemples concrets et de retours d’expériences.


  • Volet 1 – Défis environnementaux et sociétaux associés à la recherche
  • Volet 2 – Gouvernance, prise de décision et orientation de la recherche
  • Volet 3 – Mise en œuvre d’une recherche éco-responsable et retours d’expériences

Programme 

Défis environnementaux et sociétaux associés à la recherche

Format hybride, le 16 mars 2023

Animateur

  • Gauthier CHASSANG, Juriste, Inserm, CERPOP-UMR 1295, Université de Toulouse (UPS), Équipe BIOETHICS, Responsable opérationnel de la Plateforme Éthique et Biosciences (Genotoul Societal)

Intervenants

  • Serge PLANTON, Climatologue, Membre de l’association « Météo et Climat », Ancien responsable du groupe de recherche climatique à Météo-France, Ancien contributeur au GIEC – « État des lieux des effets des activités humaines sur le climat, de la planète au cas national »

  • Emmanuel PICAVET, Professeur des Universités (Éthique appliquée), Directeur du Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UFR 10 [Philosophie] et UMR 8103, ISJPS) ; Membre international du Centre de Recherche en Éthique (Université de Montréal, Québec) ; Co-titulaire de la Chaire « Éthique et Finance » (FMSH) et Co-directeur (avec G. Campagnolo) de la « Revue de Philosophie Économique / Review of Economic Philosophy » ; Chargé des relations internationales au Bureau de la Société Française de Philosophie et Membre du Comité directeur de la Fédération Internationale des Sociétés de Philosophie « Responsabilité dans la recherche et enjeux environnementaux »

  • Sarah SHEPHERD, Étudiante en Master II Psychologie Clinique de la santé « L’éco-anxiété, une réponse humaine aux maux de la planète »


Des chercheurs issus de disciplines variées et d’organismes internationaux, européens et nationaux, suivent l’évolution des différents facteurs environnementaux (ex : disponibilité des ressources, biodiversité, pollution…) et produisent de la connaissance sur les multiples enjeux qui y sont associés. C’est notamment le cas du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) qui se concentre particulièrement sur le facteur climatique. Ces évolutions soulèvent des enjeux éthiques et sociétaux, tant sur la manière d’appréhender la situation environnementale actuelle et future que sur les solutions à mettre en œuvre à court, à moyen et à long terme. La recherche scientifique est alors en prise directe avec ces enjeux, qu’elle se doit d’intégrer à tous les niveaux, dans ses activités quotidiennes au sein des laboratoires, tout comme dans la conception théorique et la mise en application pratique de ses projets. L’urgence croissante qui est associée à ce contexte environnemental produit également des conséquences directes sur les individus en ce sens qu’elle peut être aujourd’hui source de nombreuses inquiétudes, autrement dit d’éco-anxiété. Comment l’impact environnemental des activités humaines façonne-t-il une nouvelle forme de responsabilité de la recherche vis-à-vis de la société ?

Au cours de cet atelier nous proposons de faire un « état des lieux » de certains défis environnementaux majeurs avec un climatologue, d’approfondir les enjeux pour la recherche par une approche en éthique appliquée, et enfin d’expliciter la notion d’éco-anxiété développée en psychologie. Les présentations d’experts seront suivies d’échanges et de débats avec les participants.


Programme

Gouvernance, prise de décision et orientation de la recherche

Format hybride, le 11 mai 2023

Animatrice

  • Anne CAMBON-THOMSEN, Médecin en immunogénétique humaine, CNRS émérite, CERPOP – UMR 1295, Université de Toulouse (UPS), Inserm, Équipe BIOETHICS, Fondatrice de la Plateforme Éthique et Biosciences (Genotoul Societal)

Intervenants

  • Pierre MAZZEGA, Chercheur CNRS au LISST et affilié au SCELG (Univ. of Strathclyde, Scotland), Ingénieur géophysicien, Docteur en océanographie spatiale ; Développe actuellement des travaux sur la modélisation/représentation du droit, des politiques publiques et de la gouvernance de l’environnement en tant que systèmes complexes – « Scientifiques versus politiques, quelques dits et non-dits sur l’environnement »

  • Olivier LECLERC, Directeur de recherche au CNRS, Chercheur en droit au Centre de théorie et analyse du droit (UMR 7074 CTAD, CNRS/Université Paris Nanterre/École normale supérieure – Université PSL), Membre de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en santé publique et environnement (cnDAspe), Membre du Comité d’éthique du CNRS (COMETS) – « Intégrer les enjeux environnementaux à la conduite de la recherche – Une responsabilité éthique (avis COMETS n° 2022-43) »

  • Lisa GALINO, Responsable immobilier à la Délégation régionale Inserm Occitanie Pyrénées – « Enjeux patrimoniaux de l’éco-responsabilité associés à la recherche »


Les multiples enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés amènent à nous interroger sur la manière de faire évoluer les pratiques dans la société. Il n’est plus à démontrer que les activités humaines ont un impact sur nos écosystèmes, et c’est pourquoi nous nous interrogeons aujourd’hui sur la façon de les orienter de manière bénéfique pour l’environnement. La recherche scientifique est en veille et en alerte sur ces changements environnementaux. Si l’on veut que ses alertes soient prises en compte par les politiques et les gouvernances en charge de la marche du monde dans toute sa complexité, comment ne pas considérer que la recherche doit être exemplaire tout en continuant ses missions. Gouvernance, décisions et mise en œuvre des politiques sont alors essentielles, dans un esprit de responsabilité et d’éthique, que les présentations et débats de ce volet proposent d’aborder.

D’une part l’utilisation d’outils tels que l’analyse des langages et textes, pour la modélisation du droit, des politiques publiques et de la gouvernance de l’environnement permettra une analyse des politiques menées et des tensions existantes. D’autre part l’avis du Comité d’éthique du CNRS sur l’impact environnemental de la recherche scientifique sera présenté. Il considère que cette problématique relève de l’éthique de la recherche mais n’ignore pas les tensions entre développement de nouvelles connaissances et respect de l’environnement, tous deux relevant du bien commun. Enfin le plan de sobriété énergétique et d’exemplarité de l’Inserm sera abordé, notamment sa dimension patrimoniale, pour illustrer la réponse globale d’un institut, les difficultés liées au changement et l’accompagnement nécessaire. Ces aspects sont en adéquation avec le positionnement du Mouvement universel de la responsabilité scientifique (MURS) qui a consacré un numéro récent de sa revue au changement climatique.


Programme

Mise en œuvre d’une recherche éco-responsable et retours d’expériences

Format hybride, le 8 juin 2023

Animatrice

  • Emmanuelle RIAL-SEBBAG, Juriste, Directrice de recherche Inserm, CERPOP – UMR 1295, Université de Toulouse, Inserm, UPS, Responsable de l’équipe BIOETHICS, Responsable de la Chaire UNESCO Éthique, Science et Société, Responsable scientifique de la Plateforme Éthique et Biosciences (Genotoul Societal)

Intervenants

  • Margot REYES, Chargée du projet SEEDS, Université de Toulouse – « Sensibiliser et former la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche aux enjeux des transitions écologique et sociétale »

  • Olivier BERNE, Astrophysicien, Directeur de recherche au CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie à Toulouse ; Co-fondateur du collectif et groupement de recherche « Labos 1point5 », dont l’objectif est de réduire l’empreinte environnementale de la recherche – « Pour une éthique environnementale scientifique »

  • Laurent RAVEZ, Centre bioéthique Université de Namur (CBUN) – « L’innovation frugale dans le monde de la santé : Quelques exemples venant de pays à faible et moyen revenu »


Le contexte environnemental actuel est en prise directe avec les enjeux de la production de connaissances scientifiques ainsi que le métier de chercheur en tant que tel. Les institutions, les organismes de recherche, les chercheurs eux-mêmes élaborent à différentes échelles des plans, des avis et des recommandations visant à développer des pratiques plus éco-responsables dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ces initiatives s’appuient sur différents arguments tels que l’urgence de faire changer les pratiques, la nécessité de développer des outils applicables ou encore la volonté d’innovations. Comment ces propositions sont-elles perçues et mises en place par les acteurs concernés y compris dans les pays à faibles et moyens revenus ? De quelle manière ces initiatives voient-elles le jour ? Quelle est l’implication des acteurs concernés ? A la fois sources d’inspirations, et éventuellement de tensions, comment s’articulent ces expériences de terrain avec le cadre institutionnel ?

Au cours de cet atelier nous proposons de présenter des exemples concrets d’initiatives éco-responsables mises en œuvre sous différentes formes et à destination de publics variés : le projet SEEDS pour la sensibilisation et la formation des étudiants, le collectif et groupement de recherche Labos 1point5 pour les membres d’équipe de recherche, ainsi que l’application du concept d’innovation frugale dans les pays à faibles et moyens revenus. Ces retours d’expériences seront suivis d’échanges et de débats avec les participants.


Programme